Direction : Louis Lavigueur, C.Q.
Photo : Pierre-Étienne Bergeron
Orchestre : Sinfonia de Montréal
Magali Simard-Galdès Rose Naggar-Tremblay Antonio Figueroa Philippe Martel
soprano mezzo-soprano ténor basse
Photos: Larissa Lognay Brent Calis Pierre-Étienne Bergeron Marie-José Hains
HARMONIEMESSE – HAYDN
La carrière de Josef Haydn couvre plus de 65 ans et son impressionnant catalogue d’œuvres (plus de 100 symphonies, des centaines d’œuvres de musique de chambre, des opéras, 14 messes, etc) témoigne d’une vive imagination et d’un métier solide de compositeur. Sa Harmoniemesse, composée en 1802, à soixante-dix ans est sa dernière œuvre d’envergure, écrite, comme les cinq messes précédentes, pour la célébration de l’anniversaire de la princesse Esterhazy, l’épouse de son employeur.
Sans être frivole, cette œuvre témoigne encore de la bonhommie, de la joie de vivre de Haydn sans sacrifier le talent de l’artisan et le sérieux de l’écriture. Les vents, très présents dans l’orchestration, et le langage harmonique assez audacieux pour l’époque lui ont valu le sous-titre de « Harmoniemesse ». On y entend la ferveur du Kyrie avec son impressionnante ouverture orchestrale, la joie et l’allégresse du Gloria avec un étonnant passage dansant sur les paroles de « Qui tollis peccata mundi- Qui portes le péché du monde), un Credo à l’allure officielle comme il se doit, un Sanctus et un Benedictus marqué par l’esprit de la fête et enfin l’Agnus Dei, initié par les solistes auquel succède l’appel militaire des trompettes (c’est la période des guerres napoléoniennes qui ont souvent menacé Vienne) et un vibrant appel pour la paix.
Comme à l’habitude, Haydn aime bien « jouer des tours » à ses auditeurs. Attention donc aux arrêts inattendus, aux silences insoupçonnés et aux accords dissonants venus « de nulle part ».
REQUIEM – MOZART
Peu d’oeuvres ont fait coulé autant d’encre que le Requiem de Mozart, dernière partition (la 626ième) d’un jeune compositeur disparu à l’âge de 35 ans et laissée inachevée. Le mystère entourant la commande du Requiem par un mystérieux messager et l’hypothèse d’un meurtre commis par Salieri ont duré plusieurs siècles avant d’être finalement élucidé et contredite.
Pour satisfaire à la commande, il fallait bien terminer le Requiem et plusieurs « collaborateurs » y ont contribué avec, il faut bien le dire, des résultats souvent inférieurs à ce que le Maître aurait écrit. Robert Levin, spécialiste de l’œuvre de Mozart, a entrepris de corriger les erreurs flagrantes présentes dans le texte et de restituer l’œuvre dans son intégrité profitant de près de deux siècles d’études sérieuses et de découvertes. Finies donc les fautes d’orthographe musicale (quintes et octaves consécutives), restitué la fugue obligatoire sur Amen à la fin du Dies Irae, amélioré le Benedictus de Süssmayr (la version la plus répandue jusqu’à tout récemment) et le retour à la bonne tonalité pour le Hosannah final, l’amélioration notable de l’orchestration, notamment chez les vents, etc.
L’on retrouve ainsi, dans la version présentée ce soir, une image plus exacte de la volonté et du talent de l’auteur dont la main s’est arrêtée pour toujours à la mesure 13 du Lacrymosa. Le Requiem de Mozart, littéralement « son » Requiem, demeure un sommet de l’art musical de tous les temps où s’expriment la tristesse, la peur du jugement dernier, et l’espoir de la résurrection mais, aussi, de façon bien subtile, (par l’utilisation des cors de basset, ancêtres de la clarinette), son allégeance aux idéaux de la franc-maçonnerie dont il était membre : liberté, égalité, fraternité.
LOUIS LAVIGUEUR C.Q.
